Albert Korzennik
Albert Korzennik, né le 8 mars 1933 à Mont-Saint-Martin (Meurthe-et-Moselle), décédé le 2 novembre 2014 à New-York.
La présence d’Albert Korzennik à Espère est mentionnée par Lucien Zilberstein. Il fut en tout cas écolier dans le village lors de l’année scolaire 1942-43.
En mars 1933, ses parents, Nysen ou Nysan (né en Pologne en 1903) et Deborah Fleischer (née en Pologne en 1903) sont domiciliés à Longlaville, commune limitrophe de Mont-Saint-Martin, où est implantée une maternité. Ils sont commerçants.
Albert peut se prévaloir de la nationalité française, comme son frère Max, qui naît à Nancy en juillet 1938.
Leurs parents se sont mariés le 18 mai 1932 à Longlaville, l’épouse étant jusqu’à cette date domiciliée à Anvers (Belgique).
Nous ne savons pas à quelle date les parents et leurs enfants ont quitté la Lorraine.
De Rivesaltes à Souillac
Comme nombre de juifs étrangers qui étaient établis en France au début de la guerre, la famille est internée au camp de Rivesaltes en juin 1941 où elle est signalée comme « israélite ». Le père, dont une fiche de l’administration du camp note qu’il est « ajusteur » de métier, est « libéré » (sic) le 23 juin 1941, il apparaît ensuite sur une liste d’israélites internés au GTE (Groupement de travailleurs étrangers) de Catus le 23 août 1941, il est affecté à l’entreprise Drouard de Souillac dans le nord du Lot. La société est spécialisée dans la production et la pose de matériel ferroviaire.
La mère et les enfants (ces derniers, bien que nés en France, étant mentionnés, toujours sur les fiches du camp, de nationalité polonaise), sont « libérés » le 23 octobre 1941. Ils rejoignent vraisemblablement le père dans le Lot.
On ignore précisément quelles furent les conditions de leur « survie » durant les années suivantes, quand la mise en œuvre de la Shoah se fit plus violente dans la zone dite libre. Il est possible que les enfants aient été placés et qu’ainsi, Albert ait été pris en charge et scolarisé à Espère.
On retrouve la trace d’Albert aux États-Unis en 1959 où il est enregistré par les services de l’immigration comme débarquant d’un bateau ou avion en provenance d’Angleterre, le 4 mars. Les archives le disent célibataire et exerçant la profession de boulanger.
Il se marie à New-York en 1959
Quelque temps plus tard, toujours en 1959, il y épouse Gilda Fleisher, dans le quartier du Bronx, à New-York. On ignore si Albert et Gilda se connaissaient de longue date, et si, notamment, Albert avait déjà séjourné en Amérique avant son mariage.
Le couple a un fils, Stuart Jeffery, en 1963. Gilda décède prématurément en 1975.
Albert se remarie en 1983 avec Annette Brown.
Le 28 août 2003, Albert a la douleur de perdre son fils Stuart qui venait de s’installer en Californie.
Enfin, selon les archives et informations d’état-civil de New-York, Albert Korzennik meurt le 2 novembre 2014 d’un arrêt cardiaque dans le quartier du Queens.
Selon certaines sources, Albert Korzennik avait eu un autre fils. Nous avons retrouvé trace de membres plus ou moins éloignés de sa famille aux États-Unis sans pouvoir néanmoins nouer contact (à tout le moins obtenir une réponse à nos sollicitations).
Il ne parlait pas de son passé en France
En revanche, une de ses anciennes voisines dans l’immeuble du Queens où il résidait dans les années 2000 avant de rejoindre une maison de retraite vers 2010 a livré quelques souvenirs : « Albert était un ami. Quelqu’un de très gentil. Il habitait ici de longue date et il était déjà dans l’immeuble quand nous avons emménagé. Albert avait été très affecté par la mort de son fils qui était souffrant et vivait avec lui. Il décida un jour de partir sur la côte ouest et il y est décédé assez vite. Albert ne s’en est pas remis. Il disait qu’il était veuf, qu’il était juif et parlait avec un léger accent français mais sans jamais trop évoquer son passé en Europe. Pourtant, il y avait des photos de France dans son appartement. C’était un bel homme, avenant, il était l’un de ceux qui animaient les repas entre voisins qu’on organisait aux beaux jours, dans le petit jardin en bas de la résidence... »
Nous n’avons pas non plus retrouvé trace de ses parents et de son frère Max. Une seule certitude : ils n’ont pas été déportés et ont survécu à la Shoah. Peut-être se sont-ils établis en Angleterre d’où Albert Korzennik partit pour l’Amérique en 1959 ?
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Nos vifs remerciements à Marie Le Blé, journaliste à New-York.