Charlotte Bacharach

Charlotte à son arrivée en Suisse en avril 1944. ©Archives Fédérales Suisse

Charlotte Bacharach, née le 8 octobre 1931 à Kaltennordheim (Allemagne), décédée le 3 janvier 2021 à Paramus (États-Unis).

Alors âgée d’une douzaine d’années, elle aurait séjourné à Espère lorsque le groupe d’enfants dirigé par le rabbin Schneersohn « déménagea » du château de Seignebon à Dému (Gers) en direction de l’Isère. La fillette ne serait donc restée que quelques jours dans le Lot mais elle figure bien dans la liste publiée par Katy Hazan dans son ouvrage sur les maisons de l’OSE.

Charlotte est originaire d’une petite ville de Thuringe, Kaltennordheim. Après la Nuit de Cristal, en 1938, ses parents, Salli Bacharach (1900-1987) et Nelly Käthe Bacharach née Nussbaum (1900-1988) ont vraisemblablement planifié l’exil de la famille, qui comprend un fils aîné, Manfred dit « Fred » (1929-2014).

Une famille disloquée

Pour des raisons que nous n’avons pas pu élucider, le scénario ne s’est pas déroulé comme prévu. Et la famille s’est en quelque sorte disloquée. Le garçon a été placé en Angleterre, la fille, Charlotte, a été envoyée en France, et les parents, pour leur part, ont pu gagner les États-Unis via Cuba. Ils débarquent à Miami le 8 septembre 1939 et ils s’installent à Hartford, dans le Connecticut où Salli trouve un emploi de plongeur.

En date du 19 mars 1940, le père remplit un formulaire pour initier une procédure de naturalisation (qui ne sera effective qu’en 1945). Il mentionne alors que son fils Manfred réside à ce moment à Waddeston, en Angleterre et que sa fille Charlotte est domiciliée à Eaubonne, en France.

De fait, la fillette a été prise en charge par l’Œuvre de secours aux enfants (OSE) et elle est « pensionnaire » du foyer que l’organisation gère alors très officiellement dans cette cité de l’actuel Val-d’Oise. Elle aurait également fréquenté l’établissement de Montmorency.

Plus tard, quand l’armée allemande occupe la zone nord, Charlotte est placée au château de Montintin, à Château-Chervix (Haute-Vienne). Son cheminement ne s’arrête pas là. Elle est ensuite prise en charge à Marseille par le rabbin Schneersohn. Elle connaîtra plus tard le Domaine de Seignebon, et après un passage éclair à Espère, elle rejoint avec les autres les environs de Voiron.

Une nouvelle vie en Amérique

Le 4 avril 1944, elle passe la frontière suisse.

Entre-temps, son frère a rejoint ses parents aux États-Unis en août 1943.

Pour Charlotte (qui est le plus souvent dénommée « Lotte »), il faudra être encore patiente. D’abord placée dans un camp, elle est prise en charge par des amis de la famille eux-mêmes réfugiés à Baden, dans la région de Zurich.

Charlotte en 1945 à Baden, extrait de son dossier d'émigration. ©Archives Fédérales suisse - Photo Zipser. 

Ce n’est que le 27 mars 1946 que « Lotte » embarque du Havre pour retrouver les siens. Une nouvelle vie commence. En 1950, elle épouse à New-York Carl Heinz Wertheim (1926-2004), lui aussi originaire d’Allemagne. Le couple aura deux enfants, Maureen et Steven.

Charlotte Bacharach en 2009. ©USHMM

Cependant, l’ex-enfant cachée n’oubliera jamais son rude parcours dans l’Europe en guerre et ses années françaises. En 1996, elle témoigne dans un entretien vidéo auprès de USC Shoah Foundation (Los Angeles), et en 2009, elle confie à l’United States Holocaust Memorial Museum (Washington) ses archives (photos et lettres à ses proches) datant de la guerre. Par ailleurs, elle intervient régulièrement dans des colloques ou rencontres, notamment en Floride où elle réside un temps après la mort de son époux. Charlotte « Lotte » Bacharach épouse Wertheim s’éteint entourée des siens le 3 janvier 2021 dans le New-Jersey.

Sources : US Holocaust Memorial, USC Shoah Foundation de Los Angeles.