Ellen Feist
Ellen Feist, née le 23 mai 1928 à Francfort-sur-le-Main.
Cette enfant est mentionnée comme étant passée par Espère sur la liste de Katy Hazan et Serge Klarsfeld. Son itinéraire est indissociable de celui de sa famille, parents comme frères et sœurs.
Son père, Philipp Feist, ingénieur, natif de Francfort, a épousé en 1920 Hanna Eisenmann, docteur en zoologie, originaire d’Anvers en Belgique. Ils ont eu cinq enfants : Selma (1922), Judith (1923), Moshe _ ou Martin _ (1924), Jacob (1927) et Ellen (1928).
Après la naissance de la « petite dernière », les Feist s’installent en France. D’abord à Eaubonne puis à Paris.

En septembre 1939, la déclaration de guerre surprend la famille alors qu’elle séjourne à Megève. Le père est arrêté et interné en Normandie, son épouse et ses enfants sont assignés à résidence.
À l’été 1940, la famille s’établit à Roanne avant de revenir à Paris. Le père, très religieux, y étudie le Talmud. Il travaille ensuite à Vichy comme représentant.
Avec le rabbin Schneersohn
Dans le courant de l’année 1942, Philipp Feist rejoint le rabbin Schneersohn qui dirige une colonie d’enfants. Il est à ce titre responsable du centre ouvert par le rabbin à Dému, dans le Gers, au château de Seignebon.
C’est en mars 1943, lors du transfert de cette colonie vers l’Isère, que la plus jeune de ses enfants, Ellen, a vraisemblablement fait escale à Espère. Quand le rabbin décide de s’installer ensuite à Nice, Philipp Feist l’accompagne.
Ce court séjour doit s’achever précipitamment et l’ensemble du groupe, adultes et enfants, repart sur Grenoble et Voiron. Mais Philipp Feist est arrêté en gare de Nice. Interné d’abord au camp de Gurs, il est ensuite transféré à Drancy d’où il est déporté le 7 octobre 1943 vers Auschwitz par le convoi n° 60. Il est assassiné à son arrivée.
À cette même date, Ellen est signalée comme pensionnaire du groupe Schneersohn à Saint-Etienne de Crossey.
Avec sa mère et ses frères et sœurs, elle passera en Suisse via Annemasse au début de 1944 où sa présence est mentionnée dans les archives fédérales désormais accessibles en ligne. En compagnie de sa mère et d’au moins un de ses frères, elle est d’abord emprisonnée.
La Suisse puis Israël
Après la guerre, elle émigrera vers Israël comme la plupart des siens.
Sa sœur aînée Judith, qui a travaillé en Corrèze tout en intégrant des réseaux liés à la résistance juive, a aidé les siens à rejoindre la Suisse et évoquera cette période dans un livre autobiographique. Judith a par ailleurs dirigé après la guerre une maison d’accueil de l’OSE à Taverny pour jeunes rescapés de la Shoah. On lui doit notamment « Les Enfants De Buchenwald », paru en 2002 aux éditions L’Harmattan.
Funeste coïncidence : comme nombre d’étrangers juifs menacés, Philipp Feist avait obtenu pour lui et les siens un certificat de nationalité salvadorienne établi par George Mandel-Mantello, premier secrétaire du consulat du Salvador en Suisse (il en signa des centaines).
Cet illusoire sauf-conduit dû au courage exemplaire du diplomate fut signé le 7 octobre 1943. Le jour-même, Philipp Feist était à bord du train qui l’emmenait vers la mort.