Les enfants Dym

Béatrice Dym, née le 4 juillet 1936 à Anvers (Belgique).
Richard Dym, né le 21 novembre 1937 à Anvers (Belgique).
Les enfants sont mentionnés comme étant passés par Espère dans la liste publiée par Katy Hazan, dans son ouvrage consacré aux maisons de l’OSÉ.
A ce jour, les renseignements les plus complets concernant Béatrice et Richard sont extraits du dossier d’immigration conservé aux Archives fédérales suisses. Il y figure un procès-verbal dressé peu après leur entrée sur le territoire.
Le fonctionnaire de police a noté que les enfants ne semblaient « pas en âge de donner des renseignements précis » hors le fait qu’ils étaient originaires d’Anvers et qu’avec leurs parents, ils s’étaient par la suite réfugiés en France. Les autres réponses et indications sont fournies par Hélène Mandel, elle aussi connue pour être passée à Espère, mais qui est alors plus âgée puisque née en 1929.
On apprend ainsi que tout un groupe d’enfants a passé la frontière dans la soirée du 4 avril 1944. Une « demoiselle » les a menés de la région de Voiron (Isère) jusqu’à Annemasse puis deux passeurs les ont aidés pour le dernier trajet…
Les enfants Dym et leurs camarades furent ensuite arrêtés.
Le Var, Marseille, le Gers puis l'Isère
Hélène Mandel note à l’adresse des policiers que Béatrice et Richard ont intégré « un camp d’enfants » à Marseille. Puis, ils ont suivi cette petite colonie jusqu’à leur entrée en Suisse.

Pour notre part, nous avons retrouvé trace d’une prise en charge de Béatrice dans un centre de l’OSÉ dans le Var en 1941 et nous en tirons la conclusion qu’en 1942, les enfants Dym ont été placés auprès du rabbin Schneersohn, qu’ils suivirent ensuite à Dému dans le Gers puis, à partir du printemps 1943, en Isère. Effectivement, leurs noms et prénoms figurent sur le tableau d’effectif dressé en octobre 1943 à Saint-Etienne de Crossey.
En Suisse, Béatrice et Richard furent placés dans plusieurs centres réservés aux jeunes enfants.
Ils n'ont jamais revu leur père
En 1945, leur dossier d’immigration précise qu’un contact a été établi avec leur mère, qui réside toujours près de Grenoble. Elle explique que son mari, père des enfants, a été déporté, et qu’elle ne sait pas si elle est en mesure de prendre en charge Béatrice et Richard. Elle semble préférer rentrer en Belgique avant de les retrouver dans des conditions satisfaisantes.
De fait, avec l’accord de autorités belges, les enfants sont dirigés vers leur pays d’origine à la fin de l’année.
Mais ce n’est que provisoire. En mars 1954, devenus adolescents, Béatrice et Richard émigrent vers les États-Unis.

Entre-temps, ils auront appris que leur père, Majer dit Max Dym, né en Pologne en 1904, qui était domicilié dans le village de Saint-Nazaire-les-Eymes (au nord de Grenoble) a été arrêté puis transféré à Drancy. S'il avait réussi à s'évader de Rivesaltes en 1941, le sort fut cette fois plus cruel. Il fut déporté par le convoi n° 73 en date du 15 mai 1944 à destination de Kaunas (Lituanie) et Reval/Tallinn(Estonie) : ce fut le seul convoi parti de France en direction des Pays Baltes. L’issue en revanche fut tout aussi tragique. Le père n’est jamais revenu de l’enfer.
Sources : Archives fédérales suisses, Mémorial de la Shoah.