Les enfants Spitz

Léonore Spitz, née le 2 mars 1927 à Rzescow (Pologne).

Bella Spitz, née le 9 mai 1930 à Anvers (Belgique).

Samuel Spitz, né le 28 avril 1935 à Anvers (Belgique), mort le 18 avril 1944 à Auschwitz (Pologne).

Les trois enfants sont mentionnés comme ayant séjourné à Espère dans la liste publiée par Katy Hazan, historienne de l’Œuvre de secours aux enfants, dans son ouvrage consacré aux maisons tenues par l’organisation durant la Seconde guerre.

Comme d’autres, faisant partie du groupe dirigé par le rabbin Schneour Zalman Schneersohn, ils auraient fait halte dans le Lot fin mars 1943 après la fermeture précipitée du Domaine de Seignebon à Dému (Gers) et l’installation du rabbin avec les enfants et les encadrants au château du Manoir à Saint-Étienne-de-Crossey (Isère).

Léonore, Bella et Samuel Spitz sont effectivement notés comme « pensionnaires » de cette maison, dans les environs de Voiron, en octobre 1943 (document conservé au centre Yad Vashem).

Leurs parents, Salomon et Dora, originaires de Pologne où est née l’aînée, se sont ensuite installés à Anvers, en Belgique, à l’orée des années 1930, où les plus jeunes ont vu le jour. La ville portuaire est alors un important pôle d’immigration pour des familles juives fuyant la Pologne.

Quand la guerre survient, les Spitz quittent la Belgique et gagnent la France, mais on ignore quel fut leur parcours exact.

En 1943, les parents sont à Nice, devenue un temps une zone de refuge depuis l’occupation de la Côte d’Azur et d’une partie des Alpes par l’armée italienne, qui ne persécute pas les Juifs.

Les parents raflés à Nice

Quand tombe le régime de Mussolini, les troupes italiennes sont remplacées par l’armée allemande qui va sans tarder procéder à une multitude de rafles.

Salomon et Dora Spitz sont arrêtés alors qu’ils sont logés à l’hôtel Albion. Transférés à Drancy en novembre, ils sont déportés par le convoi 63 le 17 décembre 1943 et meurent assassinés aussitôt leur arrivée à Auschwitz.

Leurs enfants ignorent évidemment cette disparition tragique.

Mais eux-mêmes ne sont pas encore sauvés.

Pour preuve, le plus jeune de la fratrie, Samuel, fait partie du groupe d’enfants raflés la nuit du 22 au 23 mars 1944 à La Martellière, près de Voiron, le groupe dirigé par le rabbin ayant été dispersé en trois sites alors que le danger devenait plus menaçant… Avec une quinzaine d’autres camarades, Samuel est transféré à Drancy puis déporté à Auschwitz par le convoi 71 en date du 13 avril 1944. Il y meurt peu de temps après son arrivée.

Samuel Spitz. ® Mémorial de la Shoah, Paris/Coll. Bella Poplarski-Spitz.

Les deux sœurs établies en Israël

Ses sœurs, qui ont été sauvées, se sont vraisemblablement établies en Israël après la guerre. D’après le document pré-cité, leur sœur aînée Léora s’y était installée et était désignée comme leur « référente » pour les accueillir. Léora était alors domiciliée à Roshon, une ville au sud de Tel Aviv.

On note par ailleurs que les photographies des parents Spitz et du malheureux Samuel ont été confiées au Mémorial de la Shoah de Paris par Bella Spitz épouse Poplarski.

Samuel n’avait pas encore 9 ans quand il a été assassiné.

 

Sources : Archives du Mémorial de la Shoah, Archives du centre Yad Vashem, « Le sauvetage des enfants juifs pendant l'Occupation dans les maisons de l'OSE 1938-1945 », de Katy Hazan, avec Serge Klarsfeld, Somogy éditions / OSE – 2009.

A propos de la Rafle de la Martellière, voir notamment Le Monde du 2 décembre 1977 ou le site Voiron Citoyenne.