Michel Szpidbaum

 

Michel Szpidbaum (né le 16 octobre 1934 à Paris (10e arrondissement), décédé le 31 mai 2004 à Uccle, en Belgique.

Sa présence à Espère est mentionnée par Lucien Zilberstein, et il aurait été écolier dans le village durant l’année scolaire 1942-1943.

Michel Szpidbaum voit le jour à Paris à l’automne 1934 de parents émigrés d’origine polonaise, tous deux nés à Varsovie (ils n’ont pas acquis la nationalité française). Son père Luzer Joseph Szpidbaum est né le 15 novembre 1907 et sa mère Rajla (ou Razla ou Rajzla) Rozen le 23 avril 1912.

La petite famille demeure alors dans un immeuble de la rue Keller (au numéro 21), dans le 11e arrondissement, où Luzer Joseph exerce la profession de maroquinier.

Quand survient la guerre, le père décide de s’engager et il est affecté au Régiment de marche de volontaires étrangers (RMVE).

On ignore à quelle date il regagne ses foyers après l’armistice.

Le père déporté en juin 1942

Hélas, le père de Michel Szpidbaum est arrêté en juin 1942. Selon la fiche de renseignements, il est alors domicilié 8 rue de Lancry et exerce toujours comme maroquinier. Son seul tort ? Etre juif ou considéré comme tel.

Luzer Joseph Szpidbaum est déporté vers Auschwitz en date du 22 juin 1942 (par le convoi dit n°3). Il y meurt assassiné.

Il est vraisemblable qu’après la déportation du père, le jeune Michel fut confié à une organisation ou placé dans une famille.

Sa mère, pour sa part, se réfugie en Isère.

Il est certain en tout état de cause que Razla Szpidbaum née Rozen réside dans le village de Tullins en date du 15 mars 1944. Ce jour-là, des policiers allemands arrivent dans le quartier des Marronniers où se sont réfugiées plusieurs familles juives. Suit un drame ainsi évoqué dans le Maitron (*) : « Ne doutant pas qu’il s’agissait d’une opération à leur encontre, Madame Szpidbaum et le couple Kaplan, qui se trouvaient chez les Rozencwajc, et leurs voisins, la famille Rabinovitch, prirent la fuite à travers champs en direction de Vourey. Un poursuivant tira une rafale de pistolet-mitrailleur qui atteignit Georges Rabinovitch. Les fuyards s’arrêtèrent alors. Laissant sur place la famille Rabinovitch, les époux Kaplan et Mme Szpidbaum furent reconduits chez les Rozencwajc, dont le domicile fut consciencieusement pillé. Tous furent fouillés et délestés de ce qu’ils pouvaient posséder de valeur. La famille Rabinovitch réussit à prendre la fuite et trouva refuge à Vourey. Mais l’état de son fils s’aggravant, elle le fit conduire à l’hôpital de Tullins où il décéda quelques heures plus tard. »

Plus aucune trace ensuite ni de la mère, ni de Michel Szpidbaum lui-même, jusqu’à la date du 18 juin 1946. Deux fiches avec visas et photos d’identité sont alors signées par le consul du Brésil à Paris aux noms de Rajzla Szpidbaum et de Michel, précisant que les intéressés transiteront par le Vénézuéla et voyageront par bateau. Il est noté en outre que Madame Szpidbaum sera accompagnée d’un bébé âgé d’un mois prénommé Fernand (**).

Pourtant, effectueront-ils le voyage ?

Le visa pour le Brésil établi pour sa mère mentionne qu'elle sera accompagnée d'un bébé âgé d'un mois, Fernand.
La photo de Michel sur son visa. Il n'a pas encore 12 ans. mais l'on perçoit déjà une forme de fatigue. 

Etabli en Belgique

Toujours est-il que la mère et ses enfants, si c’est le cas, ne s’établirent pas durablement en Amérique du Sud.

Rajzla Rozen est décédée à Gonesse, près de Paris, le 3 juillet 1999.

Michel, pour sa part, semble avoir « fait » sa vie en Belgique, où il épousa Suzanne Kuperszteijn, née à Bruxelles Saint Gilles en 1933. Elle fut institutrice dans la capitale belge. Alors domiciliée dans la ville des Lilas, en Seine-Saint-Denis, elle meurt à Paris le 5 mai 2018. Dans le magazine de la commune du mois de juin, dans une rubrique recensant les naissances, mariages et décès du mois précédent, il est bien précisé que Suzanne était veuve de Michel Szpidbaum.

De fait, l’enfant réfugié quelque temps à Espère durant la guerre est mort prématurément le 31 mai 2004 à Uccle, une ville résidentielle de la couronne bruxelloise.

Nous ignorons si Michel et Suzanne ont eu un ou des enfants.

Sur la photo du visa délivré en 1946, l’enfant qui n’a pas encore 12 ans semble déjà fatigué. Orphelin de père, séparé pendant des mois de sa mère, le petit Michel qui se prépare à l’exil en sait déjà beaucoup, il est vrai, de certains aspects de la nature humaine…

 

(*) Extrait de la notice consacrée à Georges, Bernard Rabinovitch dans le Dictionnaire Maitron en ligne. Les faits sont basés sur des rapports de gendarmes français.

(**) Nous n’avons retrouvé aucune trace de ce bébé.