Au fil des pages du Journal du Lot

Le Journal du Lot dont le premier numéro fut publié en 1861 paraît en 1940 les mercredi, vendredi et dimanche. Longtemps dirigé (de 1897 à 1942) par Auguste Coueslant qui en fit un organe radical, favorable notamment à la loi de 1905, mais s’opposa au front Populaire en 1936, le journal s’affiche dès l’Armistice comme résolument favorable à Pétain et à la Révolution nationale.

A la une de son édition du 19 juin 1940, le journal fait allégeance au Maréchal Pétain, AD46

Ce ton est accentué et devient nettement collaborationniste en 1942 quand Emile Laporte, ancien co-rédacteur en chef, prend la direction du Journal du Lot. Celui-ci cesse de paraître en juin 1944.

21 juin 1940

Il faut rester calmes ! Nous sommes informés qu'une délégation des Anciens Combattants a été reçue hier par M. le Préfet du Lot. Elle venait l'entretenir de quelques sujets qui s'imposent à l'attention de tous, surtout dans l'état de surpopulation où se trouvent notre cité et notre région. Au cours de cette entrevue, il a été également question des dispositions qui sont prises sur les routes aux environs immédiats de la cité. M. le Préfet a, croyons-nous, indiqué qu'il s'agit là de mesures militaires et qu'il en entretiendrait les autorités compétentes. Il a d'ailleurs exprimé sa conviction que rien ne serait fait qui puisse mettre en péril la cité et la population.

Fermeture des Cinémas._ Par ordre préfectoral et jusqu'à nouvel avis, la fermeture des cinémas de la ville est prononcée.

23 juin 1940

AVIS A LA POPULATION CADURCIENNE._ La municipalité de Cahors vient de prendre les décisions suivantes : A partir de ce jour : 1° les restaurants ne peuvent servir qu'un seul plat garni ; 2° les pâtisseries ne feront plus de gâteaux, mais se mettront à la disposition des boulangers ; 3° du lait sera réparti aux nourrissons de moins de 18 mois et aux malades sur certificat médical, à la Goutte de lait, Bourse du Travail, place Rousseau ; 4° les magasins d'alimentation ne doivent pas fermer de midi à 2 heures. La réglementation antérieure ne vaut plus. Il faut servir ; 5° un certain nombre de propriétaires présents ou absents n'ont pas mis leurs locaux à la disposition de la Mairie. Ils sont invités à le faire, faute de quoi les dits locaux seront réquisitionnés et ouverts ; 6° des réfectoires vont être organisés. Depuis vendredi fonctionne un premier réfectoire dans les baraquements de la route de Toulouse.

SURVEILLANCE A EXERCER._ Une enquête est ouverte contre certains commerçants qui vendent des pommes de terre, notamment, à un prix exagéré. Il est certain, qu'à cette heure, à Cahors, le nombre des consommateurs a plus que doublé et que toutes denrées ne manquent pas de trouver preneurs. Mais, est-ce une raison pour que des commerçants augmentent les prix de ces denrées, et, comme on l'a établi, d'une façon odieusement abusive ? Non ! Aussi bien, une surveillance est organisée et sera assurée activement. En cette période, où tant de braves gens ont tout quitté, tout perdu, il ne saurait être toléré qu'ils soient, encore, victimes d'aigrefins. Nous le répétons, une surveillance est établie et il faut souhaiter que les mauvais marchands soient pincés et sévèrement punis. L. B.

Service bien assuré._ L'appel de M. Pomaret, ministre de l'Intérieur, invitant les populations françaises à rester dans leurs villes, s'inspirait du souci le plus judicieux : « celui d'éviter qu'afin de se soustraire à un risque éventuel, les populations ne s'exposent d'elles-mêmes à un péril certain ». Mais cet appel n'a pas été entendu, ou du moins écouté, car, chaque jour, l'exode des réfugiés continue vers le Centre et vers le Sud-Ouest de la France. Dans le Lot, à Cahors, le défilé des autos, des camions transportant les réfugiés est continu du matin au soir, et notons, à cet effet, que grâce à un service d'ordre organisé par la police, aucun incident, aucun accident ne se sont produits. Il est juste que hommage soit rendu au dévouement de ceux qui sont chargés d'assurer ce service d'ordre, qui, nul ne le conteste, n'est pas sans difficulté.

4 octobre 1940

Compensation. Au moment où les derniers groupes de réfugiés reprennent tristement le chemin du retour chez eux, il est une remarque que nous entendions faire et qui vaut d'être soulignée. Cet immense exode qui a brusquement jeté sur nos pays méridionaux des millions de gens et causé un encombrement de populations tel qu'on l'aurait cru impossible, n'a causé aucune de ces épidémies qui, en d'autres temps, en eût été l'inévitable conséquence. Il paraît indiscutable qu'on le doit aux progrès de l'hygiène moderne réglée par une science dont il faut bien constater le résultat. Ces « progrès » de la science font assez de mal, par ailleurs, à l'humanité pour qu'on lui tienne compte du bien qu'elle fait, parfois, en compensation !

6 octobre 1940

RECENSEMENT DES EMPLOYÉS DE PRÉFECTURE REPLIÉS DANS LE DÉPARTEMENT DU LOT Les employés de bureaux des Préfectures et Sous-Préfectures comprises dans la zone dont l'accès est actuellement interdit ou qui se sont vu refuser l'entrée on zone occupée pour un motif quelconque par les autorités d'occupation, et résidant actuellement dans le département du Lot, sont priés d'adresser à la Préfecture du Lot (2e Division), avant le 10 octobre courant, les renseignements suivants en vue de leur reclassement dans les services départementaux : nom et prénom, département d'origine, grade et classe, traitement de base, affectation primitive, ordre de préférence des postes demandés, charges de famille.

Les réfugiés doivent être déclarés

Les propriétaires, hôteliers et toutes personnes hébergeant ou logeant des réfugiés français et étrangers, sont invités à les déclarer d'urgence à la mairie de leur domicile provisoire. L'omission de cette déclaration entraînera des pénalités pour les délinquants. Tous réfugiés qui n'auraient pas été déclarés ne pourraient prétendre par la suite à aucun des avantages présentés par l’administration.

Serait-ce l'annonce du froid ? On annonce de Saint-Cirq-Lapopie que des oiseaux migrateurs, palombes et canards sauvages se sont abattus ces jours derniers dans les îles du Lot avoisinant le site de Coursibas. Ces oiseaux migrateurs annoncent-ils une recrudescence du froid qui, actuellement, sévit dans notre région ?

11 octobre 1940

Arrondissement de Cahors Douelle Notre service de santé. — Nous apprenons avec plaisir que l'état de santé du Docteur Boutary, qui avait été très compromis par les événements militaires auxquels il a pris part comme médecin major, s'est sensiblement amélioré et ce dernier vient de reprendre son activité médicale. La population de Douelle et des environs en est tout particulièrement heureuse, car le Docteur Boutary joint à ses excellentes qualités de médecin celles d'un grand cœur. Nous remercions, d'autre part, le Docteur Berranger d'avoir bien voulu assurer l'intérim du Docteur Boutary.

18 octobre 1940

Une solution. Il paraît, à ce qu'on nous écrit des environs de Cahors, que nos campagnes recommencent à être envahies par la horde nomade, maraudeuse de fruits, de légumes et de volailles. C'est un problème qui date de longtemps, celui de ces romanichels errants et qu'on se renvoie de communes à communes. Il devient particulièrement désagréable en ces temps de « cartes de pain » où nos paysans n'éprouvent aucun plaisir à ravitailler cette gent insinuante et pillarde. Un correspondant nous suggère de soumettre aux autorités l'idée de les envoyer faire paître les troupeaux sur les hauts plateaux de l'Afrique du Nord. C'est une idée. Mais il faudrait d'abord savoir ce qu'en penseraient les Arabes.

23 octobre 1940

Une circulaire du Préfet pour rendre aux plus malheureux des Français leur exil moins douloureux. M. le Préfet du Lot adresse à MM. les Maires la circulaire suivante qui mérite d'être connue du public : Cet hiver s'annonce dur pour tout le monde, mais il sera sans doute plus dur encore pour les réfugiés à qui, une raison ou une autre, interdit de regagner leur foyer. J'attire, d'une manière particulière, votre attention sur les instructions de cette circulaire qui a pour but de coordonner les efforts des administrations publiques et des initiatives privées en vue de rendre, aux plus malheureux parmi les Français, leur exil moins rigoureux.

I. Logement._ Je tiens essentiellement, Messieurs les Maires, à ce que les réfugiés dont le séjour dans votre commune doit être prolongé, soient placés dans les meilleures conditions d'habitat possible. Les logements qui étaient suffisants à la belle saison peuvent ne plus l'être, l'hiver venu. N'hésitez pas, le cas échéant, à recourir à la réquisition d'immeubles qui vous paraîtraient plus confortables. Si, par exception, vous vous heurtiez à une impossibilité matérielle d'assurer à certains réfugiés un gîte convenable, je vous serais obligé de m'en aviser sans aucun délai.

II. Chauffage, éclairage._ Conformément à des instructions de M. le Ministre de l'Intérieur j'ai décidé d'allouer à tous les réfugiés allocataires du département du Lot, pendant la période du 15 octobre au 15 avril 1941, une majoration d'allocation, dont le taux est le suivant : 2 francs pour le premier membre de la famille ; 1 franc pour les autres membres. Cette allocation supplémentaire est destinée à couvrir les frais de chauffage et d'éclairage pendant la saison d'hiver. Je vous prie en conséquence de bien vouloir faire établir, dès maintenant, et s'il y a lieu, une demande de carte de charbon par les réfugiés résidant dans votre commune. En ce qui concerne le charbon et le bois, je vous demande, afin de faciliter l'approvisionnement des réfugiés, de bien vouloir, le cas échéant, centraliser vous-même les commandes et en assurer la répartition contre paiement bien entendu, au prorata des besoins et des droits de chacun. En ce qui concerne les appareils de chauffage, je vous prie de m'adresser, par retour du courrier vos propositions pour la fourniture, par les soins de mon administration, de poêles à bois ou à charbon, en les évaluant très strictement.

III. Vêtures. _ Beaucoup de réfugiés, dans la précipitation de leur exode, n'ont pu emporter que les vêtements qu'ils avaient sur eux. La modicité de leurs ressources ne permettra pas à certains d'entre eux de compléter, comme il conviendrait, pour l'hiver, leur garde-robe. Les difficultés des approvisionnements et des fabrications empêchent, par ailleurs, mon administration de leur apporter toute l'aide qu'elle voudrait pouvoir leur donner, aussi il convient que les initiatives privées viennent seconder notre effort. La misère de ceux dont le retour à leur foyer est interdit ne peut et ne doit laisser personne indifférent, les particuliers doivent donc, chaque fois qu'ils le peuvent, et dans la mesure de leurs moyens, si modestes soient-ils, venir en aide aux réfugiés dans le besoin. Les œuvres charitables doivent, stimulées et aidées par vous, continuer leur noble tâche qui s'est révélée si efficace. Mais pour que ces actions soient véritablement profitables, il convient qu'elles soient coordonnées. Vous voudrez donc, Messieurs les Maires, indiquer pour les arrondissements de Figeac et Gourdon à MM. les Sous-Préfets, pour l'arrondissement de Cahors à M. l'Inspecteur de l'Assistance Publique, les besoins les plus immédiats de vos réfugiés les plus démunis. Les œuvres voudront bien faire connaître à MM. les Sous-Préfets et à M. l'Inspecteur de l'Assistance Publique les ressources en matériel ou en main-d'œuvre dont elles disposent en même temps que leurs besoins en matières premières, qui seront satisfaits par mon Administration dans toute la mesure de ses disponibilités. MM. les Sous-Préfets adresseront leurs demandes groupées à M. l'Inspecteur de l'Assistance Publique qui centralisera ainsi les offres et les demandes pour l'ensemble du département et pourra organiser un vestiaire départemental susceptible de répondre, dans la plus large mesure du possible, aux besoins de l'ensemble des réfugiés.

IV. Ravitaillement. _ Mon attention a été également appelée sur les difficultés que rencontrent parfois des réfugiés, dans certaines communes, à se ravitailler ; il est en effet évident que les mesures de rationnement, que la situation a imposées au Gouvernement, tiennent cependant compte des possibilités du ravitaillement local. Les réfugiés, loin de leurs foyers, ne doivent pas être défavorisés et il importe qu'ils puissent se procurer les produits de la terre qui les accueille dans les mêmes conditions que la population autochtone. Je vous invite donc à ne pas hésiter, si vous y étiez obligé, à procéder, en vertu de ma délégation, aux réquisitions nécessaires pour assurer le ravitaillement normal des réfugiés résidant dans votre commune. Je sais, Messieurs les Maires, avec quel dévouement et quelle intelligence vous avez généralement fait face, dans les circonstances tragiques, aux exigences de votre lourde tâche. Il importe que les meilleurs d'entre vous servent d'exemple aux autres et que dans les heures difficiles et douloureuses que la France va encore avoir à connaître vous sachiez exiger de tous l'effort qui est nécessaire pour qu'aucun Français ne se sente moins soutenu que son voisin, qu'aucune misère ne reçoive le secours qui lui est dû, qu'aucune faiblesse ne permette aucune injustice. Le Préfet.

SERVICE DES RÉFUGIÉS._ Le Préfet du Lot rappelle aux réfugiés de Paris et de la zone non interdite que l'allocation sera refusée à tous ceux qui, sans motif valable, dont il est juge, refuseront de se regrouper à Cahors, en vue de leur rapatriement, à partir du 23 octobre, comme il leur sera indiqué dans les Mairies de leur résidence actuelle.

Journal du Lot, 23 octobre 1940,  AD46

Il est rappelé que les autorités occupantes ne permettent pas pour l'instant, le rapatriement des Israélites, même Français, des gens de couleur ou sang mêlé, des étrangers.

27 octobre 1940

Aux réfugiés belges._ Les réfugiés de nationalité belge sont invités à regagner d'urgence leurs foyers. Après le 31 octobre, ce retour nécessitera une autorisation spéciale et individuelle du pouvoir occupant. Le retour doit s'effectuer via Mâcon.

Derniers trains de ramassage pour le rapatriement des réfugiés en zone occupée non interdite._ Dates et heures de départ des convois de ramassage par départements de destination: Côte d'Or, Marne, Aube et Aisne (réfugiés ordinaires), départ le 24 octobre, 19 h 15. Oise, Seine-Inférieure et Somme (réfugiés ordinaires), départ le 27 octobre, 8 h 10. Mayenne, Morbihan, Ille-et-Vilaine et départements marins, Eure-et-Loir, Orne, Sarthe, Manche, Calvados, Eure (réfugiés ordinaires), départ le 26 octobre, 8 h 10. Paris, Seine, Seine-et-Oise, Seine-et-Marne, Nièvre, Yonne, Loiret, Cher, Loir-et-Cher (réfugiés ordinaires), départ le 26 octobre, à 8 h 10. Le rassemblement des réfugiés aura lieu dans la cour de la gare de Cahors, à 7 heures pour les trains partant à 8 h 10, à 18 heures pour les trains partant à 19 h.15. L'accès des zones Nord et Est (zone interdite), de la commune du Havre est toujours interdit. — Le Préfet.

30 octobre 1940

Il en reste parmi nous. Ce tragique exode des réfugiés a fait comme un « brassage » de populations dont il restera toujours quelque chose. A Cahors, un nombre assez important d'entre eux se sont comme intégrés à notre population qui serait très heureuse, d'ailleurs, de les compter désormais au nombre de nos concitoyens. Les derniers trains dits de « ramassage » - fâcheuse expression et qui n'est pas de moi ! - sont partis. Officiellement, il n'y a plus de gens qui peuvent exciper de cette qualité ou de ce malheur. Pour l'administration, en tant que « réfugiés », ils ne sont plus. Mais ils sont tout de même en tant que personnes vivantes et citoyens, et il en reste parmi nous. Si cela ne se voit plus autant sur le boulevard, cela se remarque bien dans les salles de spectacle où l'on voit bien et où l'on entend aussi, car nos Cadurciens y sont à côté de spectateurs qui n'ont pas l'accent !

AVIS IMPORTANT AUX RÉFUGIÉS._ Les autorités allemandes autorisent le retour des Belges, des Luxembourgeois, des Hollandais et des Italiens à destination de la zone autorisée, de la zone interdite, et de l'Alsace-Lorraine, à la condition qu'ils y aient eu leur domicile avant leur évacuation. Les intéressés devront être munis d'un certificat de rapatriement par fer (délivré par les Maires), ou par route (délivré par la Préfecture), rejoindre Mâcon où la Préfecture de Saône-et-Loire leur donnera toutes indications sur la continuation de leur voyage. Il est bien entendu que ces voyages de rapatriement devront être effectués avant le 1er novembre. - Le Secrétaire général aux réfugiés.

1er novembre 1940
ÉVADÉS DU CAMP DE CAYLUS. Dans la nuit du 27 au 28, les gendarmes de la brigade de Lalbenque, au cours de leur tournée, aperçurent sur la route quatre individus porteurs de valises, se dirigeant vers la gare. Invités à montrer leurs papiers, ils déclinèrent leur identité. Il s'agit de quatre Polonais qui s'étaient évadés du camp de Caylus. Ils ont prétendu que, fatigués de la vie du camp, ils avaient voulu se rendre dans la région de Toulouse pour y trouver du travail. Ils ont été ramenés au camp.
3 novembre 1940

A LA PRÉFECTURE._ Nous nous félicitons que M. Latscha, d'abord chef de cabinet du Préfet du Lot, puis faisant fonction de secrétaire général, soit désormais confirmé dans ces dernières fonctions où il a donné la preuve de son activité, de son intelligence et de son dévouement. M. Sassier, qui fut secrétaire général du Lot, et qui depuis quelque temps était ici secrétaire au service des réfugiés, vient d'être nommé sous-préfet à Dieppe.

6 novembre 1940

Le retour des réfugiés suspendu._ Le ministère de l'Intérieur communique : Le retour des réfugiés en zone occupée autorisée, tant par fer que par route, est provisoirement suspendu en attendant que les autorités d'occupation aient définitivement fixé le régime des rapatriements postérieurs au 1ernovembre. Un communiqué ultérieur indiquera les modalités de ces rapatriements.

13 novembre 1940

Avis aux étrangers._ Tous les étrangers, de quelque nationalité que ce soit, doivent se présenter, immédiatement, au Commissariat de police, sous peine de sanctions les plus sévères.

17 novembre 1940

NI VENDRE, NI ACHETER LES NOIX._ M. le Préfet du Lot vient de prendre l'arrêté suivant : Article premier. - Toutes les transactions commerciales, achat, vente ou mise en vente, tout transport et toute circulation, portant sur les noix, sont interdits jusqu'à nouvel ordre. Art. 2. - Tout acheteur ou transporteur de noix que les agents de contrôle trouveront en défaut, soit dans les gares, soit aux points de sortie du département, soit en tout autre lieu, verra sa marchandise réquisitionnée et remise à M. l'Intendant, Directeur départemental du Ravitaillement général.

20 novembre 1940

NOUVEAUX TRAINS ENTRE VICHY ET TOULOUSE._ A partir du 15 novembre, une nouvelle relation sera créée entre Vichy et Toulouse, selon l'horaire suivant : Vichy-Toulouse

Vichy départ 12 h 10 ; Riom 12 h 54 ; Gannat 13 h 26 ; Montluçon 15 h 04 ; Limoges 18 h 07 ; Brive 19 h 37 ; Cahors 21 h 14 ; Montauban 22 h 19 ; Toulouse arrivée 23 h 03.

Toulouse-Vichy

Toulouse départ 13 h. Montauban 13 h 48 ; Cahors 14 h 52 ; Brive 16 h 38 ; Limoges 18 h 04… Vichy arrivée 0 h 11.

22 novembre 1940

La « carte d'identité de Français » est créée. Une loi publiée au « Journal Officiel » de mercredi institue une carte d'identité officielle et unique pour les Français des deux sexes âgés de plus de 16 ans. Aucun autre document ne pourra remplacer ladite carte, qui sera valable pendant dix ans, à dater du jour de sa délivrance. Cette carte est soumise à un droit de timbre de 7 francs. Sont exemptées du droit de timbre et timbrées gratuitement les cartes délivrées : aux pères et mères de trois enfants au moins ; aux enfants mineurs des Français visés à l'alinéa qui précède, lorsqu'ils sont à la charge de ces derniers ; aux épouses de Français présents sous les drapeaux lorsque celles-ci ont droit aux allocations militaires ; aux enfants mineurs des Français visés à l'alinéa qui précède lorsqu'ils sont à la charge de ces derniers ; aux indigents assistés.

27 novembre 1940

MAIN-D'ŒUVRE – RÉFUGIÉS._ Conformément aux instructions communes du Ministre, Secrétaire d'État à l'Intérieur et du Ministre, Secrétaire d’État aux Finances, les réfugiés isolés chefs de famille, âgés de plus de 10 ans, ont été inscrits d'office par le Service Départemental des Réfugiés et l'Office Départemental de Placement. En conséquence, c'est à cet organisme que les employeurs doivent s'adresser pour trouver la main-d'œuvre dont ils ont besoin. Dès que l'embauchage aura été effectué, l'employeur devra obligatoirement faire connaître à l'Office Départemental de Placement le montant du salaire payé et la nature des avantages qui peuvent y être attachés.

8 décembre 1940

CONTRE LA PROPAGANDE COMMUNISTE ._ Le Préfet vient de prendre l'arrêté suivant : Article premier. - Est interdite l'émission des tracts communistes et la complicité en cette matière. Art. 2. - L'infraction à ces dispositions entraînera l'internement administratif des individus appréhendés en vertu du décret du 18 novembre 1939. Art. 3. - En outre, la découverte de tracts extrémistes sur le territoire d'une commune entraînera l'internement administratif des militants communistes, notoirement connus, à moins qu'ils ne soient déjà poursuivis judiciairement, en vertu d'une procédure dûment engagée.

PLUS DE T.S.F. BRITANNIQUE._ M. le Préfet vient de prendre l'arrêté suivant : Article 1. - Est interdite la réception, sur la voie publique et dans les lieux ouverts au public, des émissions radiophoniques des postes britanniques et, en général, de tous postes se livrant à une propagande antinationale. Article 2.- Ces dispositions sont exécutoires dès la publication du présent arrêté. Article 3. - Toute infraction aux présentes dispositions sera punie d'une amende de 16 à 100 fr. et d'un emprisonnement de six jours à six mois ou de l'une des deux peines seulement. Il pourra, en outre, être procédé à la saisie administrative des postes de réception.

22 décembre 1940

MAIRIE DE CAHORS Par ordre de M. le Préfet du Lot, tous les réfugiés âgés de 16 à 50 ans, actuellement à Cahors, doivent obligatoirement se faire inscrire à l'Office départemental de placement, rue Emile-Zola, à Cahors. En cas de non inscription, l'allocation sera retirée aux récalcitrants.

2 juin 1941

L’étau se resserre. « Le 2 juin 1941, l’Etat français promulgue un nouveau statut, qui marque une extension sensible des interdits professionnels et prend place dans une nouvelle vague de mesures antisémites, de la création du Commissariat général aux Questions juives (CGQJ) à la loi française d’aryanisation en passant par les décrets fixant des numerus clausus et le recensement obligatoire. Au-delà, le durcissement du régime est sensible à l’été 1941. La guerre qui s’étend à l’Est et une situation intérieure qui se tend, socialement et politiquement, en sont autant de facteurs » ainsi que l’explique Denis Peschanski dans son article « Les statuts des Juifs du 3 octobre 1940 et du 2 juin 1941 », publié dans la revue « Le Monde Juif » (n°141, 1991).

A Cahors comme dans la plupart des préfectures de zone libre, la transmission des textes et formulaires retarde de quelques semaines la mise en œuvre du recensement.

Ainsi, il faut attendre le 20 juillet 1941 pour que soit publié dans Le Journal du Lot cet encart… On sait quelle sera la conséquence de ce qui semble une simple formalité...

Journal du lot, 20 juillet 1941, AD46
20 juin 1942

Déclaration des changements de résidence des Juifs._ Les Juifs français et étrangers qui changent de résidence doivent en faire la déclaration au commissaire de police (ou à défaut de commissaire de police au maire) de la commune de leur domicile si la durée du déplacement prévu dépasse 30 jours. Les intéressés sont tenus d'effectuer la même formalité au cours des 48 heures qui suivent leur arrivée dans la commune du lieu de destination. Tous renseignements complémentaires peuvent être recueillis auprès des autorités de police ou administratives compétentes. Les présentes instructions sont applicables à partir du 1er juillet 1942.

14 novembre 1942

Une date décisive. En raison des événements en Afrique du Nord où il craint que désormais, les Alliés soient en capacité de préparer un débarquement en traversant la Méditerranée, Hitler décide de violer les conventions de l’armistice de juin 1940 et envahit la zone dite libre, réduisant du même coup le peu de latitudes dont disposait le régime de Vichy. Ou qu’il faisait semblant de posséder encore.

Le Journal du Lot évoque les faits dans son édition du 14 novembre.

A Cahors, c’est aussi une « première » depuis de nombreux siècles. La dernière fois que des armées étrangères avaient occupé et guerroyé dans la région, c’était lors de la guerre de Cent ans.

Une des conséquences est évidente : les Allemands sont désormais en première ligne pour superviser et mettre en œuvre la Shoah dans le sud de la France.

Journal du Lot, 14 novembre 1942, AD46

 

24 février 1943
Journal du Lot, 24 février 1943, AD46