Simone Zacklad

 

Simone Rebecca Zacklad, née à Paris (12e) le 23 janvier 1925, décédée à Paris (10e) le 15 juillet 1953.

 

Simone est adolescente quand elle est mentionnée comme réfugiée dans les registres tenus par la commune de Douelle à l’automne 1940. Son enfance fut douloureuse.

Ses parents se sont mariés le 25 janvier 1923, quasiment deux ans jour pour jour avant qu’elle ne vienne au monde. Il s’agit d’Abraham Zacklad, mécanicien de profession, né en 1868 à Slonin (Russie) et de Thérèse Lehmann, corsetière, née à Paris le 18 août 1884, alors domiciliée avec sa mère, également corsetière, au 71 rue de Rivoli.

Il s’agit du troisième mariage du père, divorcé en premières noces de Haïa Langbord, et veuf en secondes noces de Hava Sclover, décédée le 6 avril 1922.

Simone perd sa maman, Thérèse, dès le 8 juin 1928. A cette date, ses parents ont déjà divorcé et la défunte était retournée vivre chez sa mère, qui a emménagé rue Bertin-Poirée, dans le 1erarrondissement.

On ignore où Simone se trouvait à ce moment. Le recensement de 1926 n’est pas explicite sur ce point. 

En revanche, en raison d’une part du divorce de ses parents puis du décès prématuré de sa mère, entre 1930 et 1939, elle est placée à l'orphelinat du 7 rue Lamblardie. Il a été bâti en 1874 par Betty de Rothschild qui lui donna le nom de ses parents : « Orphelinat Salomon et Caroline de Rothschild ». Durant cette période, Simone est admise à plusieurs reprises à l'hôpital Rothschild et est toujours indiquée comme domiciliée rue Lamblardie. Au printemps 1940, elle sous la responsabilité de l’Œuvre israélite des séjours à la campagne (OISC).

Recensement des Juifs dans le Lot à l'été 1941, AD46-1W416

Simone Zacklad n’est plus en revanche mentionnée comme « pensionnaire » de la maison quand l’Œuvre de secours aux enfants (OSÉ) dirige l’institution à Espère.

Sans doute à cette date, courant 1942, l'adolescente a-t-elle regagné Paris.

Sa demi-sœur déportée

Elle y a toujours alors une demi-sœur, Betty Zacklad, née le 20 mars 1922 du second mariage de son père avec Hava Sclover. Mais la malheureuse Betty ne survivra pas à la guerre.

Interpellée à une date inconnue, elle est internée à Drancy à partir du 22 juin 1944 et elle est déportée par le convoi 76 à destination d’Auschwitz le 30 juin. Elle y est assassinée aussitôt son arrivée (déclarée décédée le 5 juillet sur l’acte de décès conservé aux archives de Paris). A l’été 1944, Betty Zacklad était domiciliée au 4 rue du Baigneur, dans le 18e arrondissement de la capitale.

A cette adresse est alors également domiciliée Ita Sclover, vraisemblablement sa tante maternelle, qui a été déportée à Auschwitz par le même convoi. Les deux malheureuses ont donc été vraisemblablement été raflées ensemble…

Malgré ce deuil qu’elle apprendra en 1945, malgré son propre parcours jalonné d’épreuves, Simone Zacklad a réussi à effectuer des études d’infirmière. Elle est bientôt employée à Gaz de France, l’établissement ayant été fondé en 1946.

Pourtant, il faut croire que ses douleurs intimes ne se sont pas refermées. Simone met fin à ses jours en juillet 1953. Elle n’a que 28 ans. Le drame est évoqué dans L’Aurore, en dernière page, en date du 17 juillet 1953. Il s’agit d’une brève ainsi titrée : « Une infirmière met fin à ses jours en sa tailladant un poignet avec un verre brisé. » Le texte n’est guère plus détaillé : « Surpris de n’avoir pas vu depuis plusieurs jours Mlle Simone Zacklad, 28 ans, infirmière au Gaz de France, le concierge de l’immeuble situé 38 boulevard Magenta, ouvrit la porte de sa chambre. La jeune femme gisait sur le plancher, exsangue. Près d’elle, se trouvait un verre brisé dont elle s’était tailladé le poignet gauche. Le suicide remonte à lundi soir. Mlle Zacklad vivait seule. On ignore le motif de son geste que rien, apparemment, ne laissait prévoir. »

En haut de cette même page, hasard de l’actualité de la mi-juillet 1953, ce titre au-dessus d’une photo où l’on distingue des drapeaux tricolores : « Une plaque a été apposée hier boulevard de Grenelle en souvenir des 30.000 Juifs arrêtés le 16 juillet 1942 par les Nazis ». Simone a rejoint les victimes de la rafle du Vél d'Hiv". Est-ce vraiment un hasard, finalement ?

Sources : Archives du Lot, Archives de la ville de Paris, site Gallica-BNF, Nicolas C. (site Sur Nos Traces).