Les enfants Huss dit Kouss
Simon Robert Huss dit Kouss, né à Paris (12e) le 23 juillet 1927, décédé à Créteil le 24 mai 2006.
Jacqueline Huss dit Kouss, née à Paris (12e) le 26 février 1929, décédée à Bouc-Bel-Air (Bouches-du-Rhône) le 13 novembre 2015.
Robert Huss dit Kouss, né à Paris (13e) le 28 mai 1931, décédé à Cires-lès-Mello (Oise) le 6 juin 2018.
Les trois enfants sont mentionnés à l’automne 1940 parmi les pensionnaires du premier groupe séjournant à Mercuès puis à Douelle sous l’égide de l’Œuvre israélite des séjours à la campagne. Ils ont regagné Paris avant le recensement des juifs ordonné en zone libre à l’été 1941.

Si l’on se réfère au recensement de Paris de 1936, ils sont les plus jeunes d’une fratrie de neuf enfants. A cette date, les deux aînés, Albert et Léon, nés en 1916 et 1918, ont déjà un emploi : le premier est manutentionnaire chez Vilmorin et le second est employé dans un grand magasin.
Leurs parents sont Victor Kouss, né en Pologne 1881, « marchand des quatre saisons », et Rachel Migdal (ou parfois « Miquetab »), née en Pologne en 1889. Ils se sont mariés civilement en France en 1922 après s’être épousés religieusement.
Les autres enfants sont les jumeaux Marcel et Rose (nés en 1921), Georgette (née en 1923) et Odette (née en 1924).
La famille réside dans le 12e arrondissement, au 45 rue de Fécamp. C’est à cette adresse au demeurant que décède le père le 24 avril 1939. Alors que les nuages de la guerre menacent, cette mort prématurée peut expliquer que les plus jeunes aient été « placés » auprès de l’OSC.
Après la guerre, la famille réside toujours au 45 rue de Fécamp. Mais une partie des aînés a quitté le foyer. Par ailleurs, selon le recensement de 1946, les plus jeunes sont déjà entrés dans la vie active : Simon est soldat, Jacqueline est manutentionnaire et Robert apprenti.
Un frère déporté… à Aurigny
Les anciens petits pensionnaires de la maison lotoise n’ont cependant pas traversé la guerre sans être directement affectés par l’horreur de la Shoah. Leur frère aîné Marcel (qui réside encore rue de Fécamp en 1946) a été arrêté puis déporté depuis Drancy en date du 11 octobre 1943 vers l’île d’Aurigny, la plus au nord des entités de l’archipel des îles anglo-normandes. Les Allemands intégrèrent Aurigny (vidée de ses habitants originels) dans le dispositif dit du Mur de l’Atlantique et y établirent au début de l’année 1942 des camps de travail. En 1943, l’un d’eux devient un camp de concentration dirigé par les SS.
Dans ces camps sont internés d’anciens réfugiés espagnols, des civils originaires d’Europe de l’est mais aussi près de 600 juifs français (pour la plupart considérés comme « non déportables » ou jeunes sélectionnés en raison de leur « force de travail »). L’histoire précise de ces camps et le nombre de victimes (dont les dépouilles furent parfois jetées à la mer) fait encore l’objet de recherches.

Toujours est-il que Marcel Huss dit Kouss est bien mentionné dans la base de données du Mémorial de la Shoah de Paris (qui ne précise pas qu’il a survécu) et sur le Mémorial de la déportation des Juifs de France disponible sur Internet (où en revanche il compte parmi ceux qui sont revenus de cet enfer demeuré inconnu du plus grand nombre). Il figure également dans le registre d’entrées et sorties de l’Hôpital Rothschild où il fut soigné en 1944.
Marcel se mariera en 1949 et décèdera en 1995.
NB : si l’essentiel des actes d’état-civil font mention du patronyme « Huss dit Kouss », certaines archives indiquent uniquement le premier ou le second nom.
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Sources : Archives départementales du Lot, Archives de la ville de Paris, Mémorial de la Shoah de Paris, Le Mémorial de la Déportation des Juifs de France - en ligne (site stevemorse), site Sur Nos Traces, plusieurs articles consacrés à Aurigny dans la Revue d’Histoire de la Shoah.