Salomon Raymond Mendelgwaig

Salomon (dit Raymond) Mendelgwaig, né le 21 mars 1913 à Paris (12e), décédé à Lagny (Seine-et-Marne) le 12 février 2003.

Photo d'identité de Raymond Mendelgwaig, circa 1943. Photo Léon Bouzerand/Fonds Nespoulous.

Il fut l’un des piliers de la maison d’enfants, nommé directeur après l’emménagement à Espère et le passage de la « colonie » sous le contrôle opérationnel de l’Œuvre de secours aux enfants (OSE). Son nom figure dans un fichier du personnel de l’Union générale des Israélites de France en zone Sud (UGIF), seul organisme reconnu pendant l’Occupation par l’État français (Régime de Vichy), et dont l’OSE fut une branche clandestine en charge du sauvetage des enfants…

Les parents de Salomon (dit Raymond) sont originaires de Russie : son père, Ruben, tailleur de profession, et sa mère, Basia Ferdermann, sont nés tous deux à Sedletz, respectivement en 1879 et 1889. Ils y ont eu une fille, Schendla (dite Sarah), née le 27 mai 1912. On ignore à quelle date précisément, la famille est arrivée en France. Une seule certitude, ce fut avant mars 1913 et la naissance de Salomon…

La famille réside d’abord rue Vieille-du-Temple puis emménage rue Beaubourg. Selon le recensement de 1926, une petite Régine est devenue alors le troisième enfant.

Les enfants nés en France sont français. Les parents et leur fille aînée sont naturalisés en 1925 (décret publié au journal officiel du 26 janvier 1925). Vraisemblablement déjà mariés religieusement, les parents se sont épousés civilement le 19 juin 1924.

Etudiant en lettres puis instituteur

En juin 1936, Salomon (dit Raymond) est admissible au certificat d’études supérieures de « littérature française », examen organisé par la Faculté des lettres de Paris.

On retrouve trace de Salomon (dit Raymond) juste avant le déclenchement de la guerre. Le 31 juillet 1939, alors soldat au 18e Régiment du Génie en garnison à Nancy, il bénéficie d’une permission pour épouser Renée Eugénie Jollet, née le 6 juillet 1913 (qui décèdera le 30 septembre 2009 à Lagny). Tous deux sont instituteurs. La jeune mariée est en poste alors à Mouroux, dans l’actuelle Seine-et-Marne.

Ses études ont justifié selon toute vraisemblance le sursis accordé au jeune marié pour effectuer son service militaire. Comme il est d’usage alors dans la presse de province, dans son édition du 4 juillet 1939, le quotidien de Nancy, L’Est Républicain, mentionne le mariage du jeune militaire alors en garnison dans la ville...

La guerre puis l'interdiction d'exercer

Nous ignorons si Salomon Mendelgwaig est encore « sous les drapeaux » à la déclaration de guerre, début septembre. Si tel n’est pas le cas, il sera mobilisé et comme la plupart des sections du régiment, il aura été affecté à la défense des fortifications (en l’espèce, la ligne Maginot). Ni prisonnier ni blessé, il aura été démobilisé au plus tard fin 1940. Entre-temps, a été promulguée la loi scélérate sur le statut des Juifs. Et le jeune enseignant ne peut plus exercer. Son épouse, en revanche, n’est pas affectée car non juive.

C’est ainsi que proscrit dans la fonction publique, le jeune enseignant est recruté par l’UGIF.

Le directeur de la maison lotoise, aidé dans sa mission par Yvonne Lévy-Engelmann, laissera de bons souvenirs aux enfants comme à ses collaborateurs.

Dans son autobiographie, Lucien Zilberstein indique qu’il a eu l’occasion de le retrouver un demi-siècle plus tard lorsqu’il menait des recherches sur son expérience d’enfant caché :« Monsieur Mendelgwaig, que j'ai rencontré en 1995 chez lui à Paris, m'a raconté notre vie à Espère. »

« Un homme très sympa, drôle, très chic »

C’est toutefois Dina Gorkine, alors jeune monitrice, qui le décrit le plus précisément dans un courrier date de juillet 1943 adressé à son « fiancé » : « ...le directeur : Mendelgwaig, Raymond, très sympa, drôle et presque trop familier. Prof de littérature dans le civil, aussi, qu’est-ce qu’il me colle comme discours… Il est immense, aussi je l’appelle « Double-Mètre ». Il est marié à une goï, institutrice dans la Seine-et-Marne, et qui vient fin du mois passer ses vacances. Je ne le considère pas comme mon directeur et il est très chic pour moi. Il n’y a qu’un mois et demi qu’il est là, et c’est énorme, car nous avons fait semblant d’avoir certaines habitudes prétendues et maintenant nous les gardons, à notre grande joie, car nous nous demandions si cela allait prendre... »

La famille Mendelgwaig réunie pendant l'été 43 à Espère. Archives famille Mendelgwaig

Toujours selon la correspondance de Dina Gorkine, Salomon (dit Raymond) Mendelgwaig a quitté Espère une fois les derniers enfants eux-mêmes évacués (la plupart vers la Creuse) à la date du dimanche 19 décembre 1943. Il est probable alors qu’il regagna la région parisienne.

Après la guerre, on retrouve son nom le 1er juillet 1946 dans le Journal officiel qui publie la liste des candidats admissibles au concours pour l’emploi de secrétaire d’administration. Mais il demeurera toutefois enseignant.

A notre connaissance, Salomon (dit Raymond) Mendelgwaig n’a pas témoigné (publiquement) de son expérience.

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Note : le patronyme Mendelgwaig est parfois orthographié avec un « z » à la place du « g », ou parfois avec une finale en « eig ». Nous avons repris l’orthographe en vigueur dans les archives du Mémorial de la Shoah et sur la plupart des actes d’état-civil de l’intéressé (à commencer par son mariage et son décès).

Sources : archives de la ville de Paris, archives du Mémorial de la Shoah, site Gallica-BNF.