Isidore Bugajski

Isidore Bugajski, né le 18 novembre 1928 à Szczercow (Pologne), décédé le 5 mai 1945 à Mauthausen (Autriche).

 

L’adolescent est mentionné comme ayant séjourné à Espère dans la liste publiée par Katy Hazan dans son ouvrage consacré aux maisons de l’OSÉ.

La famille est domiciliée au Luxembourg au début de la Seconde guerre (*). Lors de l’attaque allemande en mai 1940, à l’instar d’une majorité de la communauté juive du Grand-Duché, elle se réfugie en France.

Parents et enfants sont tous natifs de Szczercow (Pologne), mais on ignore à quelle date ils ont émigré. Les parents sont Herszlik Bugajski (né en 1893), Maria Stern épouse Bugajski (née en 1897), le fils aîné Abraham (né le 25 février 1925) et le benjamin Isidore (ou Isie, ou Gidel).

Ce dernier est d’abord pensionnaire de la maison de Broût-Vernet (Allier), créée dès le début des hostilités par l’OSÉ, que dirige le rabbin Schneersohn de février 1940 à 1941.

Quand le religieux rejoint ensuite Marseille, il est probable qu’Isidore fasse partie des enfants qui le suivent, mais ses parents et son frère ainé ont vraisemblablement gagné également la cité phocéenne en espérant y trouver un bateau… Ils sont alors néanmoins sous la protection du rabbin et de son réseau.

Une famille décimée

La suite de l’histoire familiale est hélas plus documentée et se mue en tragédie.

Le père est arrêté et transféré de Marseille au camp de Rivesaltes où son entrée est enregistrée le 5 mars 1942. Sa fiche indique qu’il est « tailleur » de profession et « israélite ». Transféré le 11 août 1942 vers Drancy, il est déporté dès le 14 par le convoi n° 19 à destination d’Auschwitz où il est assassiné aussitôt son arrivée.

Isidore fait ensuite partie du groupe que le rabbin Schneersohn déplace au domaine de Seignebon à Dému dans le Gers. Sa mère est du voyage également. Ce n'est pas le cas a priori de son frère (selon liste des adultes et enfants présents à Dému conservée aux Archives du Gers).

L’enfant aurait ensuite fait étape à Espère fin mars 1943 quand le groupe rejoint la région de Voiron. Les deux frères sont inscrits sur la liste des effectifs du manoir de Saint-Etienne-de-Crossey établie en octobre 1943 par l’ OSÉ au retour de l’échec de l’implantation de la maison à Nice.

En mars 1944, Isidore, Abraham (noté comme « coiffeur » sur sa fiche du Mémorial de la Shoah de Paris) et leur mère (« cuisinière », selon la même source), sont victimes de la rafle de la Martellière, à l’instar d’autres enfants comme Martin Spindel ou Samuel Spitz.

Transférés à Drancy, ils sont déportés en date du 13 avril 1944 par le convoi n°71 à Auschwitz. Sa mère et son frère sont assassinés à leur arrivée. Le calvaire d’Isidore n’est pas achevé, en revanche. Selon le Journal Officiel de la République Française daté du 13 septembre 2014, il est déclaré mort le 5 mai 1945 à Mauthausen (Autriche). Après avoir été sélectionné pour le travail, le pauvre enfant aurait donc participé quelques mois plus tard aux terribles « marches » qui conduisirent des rescapés vers le camp de Mauthausen. Lequel fut précisément libéré le 5 mai 1945.

 

(*) En tout cas la mère et les enfants selon les archives de MemoShoah Luxembourg (le père étant pour sa part peut-être en Belgique ou en France pour le travail?). Le Grand-Duché passera dès août 1940 sous administration allemande avec à sa tête un gauleiter qui va initier une législation d’exception pour les familles juives encore sur place : des déportations auront lieu à compter d’octobre 1941.

 

Sources : Mémorial de la Shoah de Paris, Archives des Pyrénées-Orientales, Archives du Gers, Archives nationales (France), association MemoShoah Luxembourg.

A propos de la Rafle de la Martellière, voir notamment Le Monde du 2 décembre 1977 ou le site Voiron Citoyenne.