Martin Spindel

Martin Spindel. © Mémorial de la Shoah.

Martin Spindel, né le 6 décembre 1930 à Vienne (Autriche), mort le 18 avril 1944 à Auschwitz (Pologne).

L’enfant est mentionné sur la liste publiée par Katy Hazan dans son ouvrage consacré aux maisons de l’OSÉ, son patronyme étant orthographié « Spiniel ».

Le petit Martin a fui l’Autriche avec ses parents à une date inconnue. Tous trois sont réfugiés en France dès le début de la guerre. Martin, déchu de la nationalité autrichienne, est pris en charge par les services de l’Œuvre de secours aux enfants et placé au château de Chabannes dans la Creuse puis au château de Chaumont, dans le même département.

En 1942, l’enfant semble avoir rejoint le groupe dirigé par le rabbin Schneersohn. Martin est pensionnaire du centre de formation agricole créé par le religieux dans le Gers, puis, après une étape supposée à Espère fin mars 1943, avec le reste du groupe, il gagne l’Isère. Il est mentionné en octobre 1943 sur une liste des enfants présents au manoir de Saint-Etienne de Crossey, près de Voiron.

Une famille décimée

Martin Spindel fait hélas partie des enfants ayant été raflés dans la nuit du 22 au 23 mars 1944 dans le petit groupe qui se cachait au lieu-dit de la Martellière. Conduits à Grenoble dans un premier temps, Martin et ses camarades sont ensuite dirigés vers Drancy. De là, Martin est déporté vers Auschwitz par le convoi n° 71 le 13 avril. Il meurt assassiné peu après son arrivée.

La petite famille a été décimée puisque ses parents ont également été victimes de la Shoah.

D’abord interné au camp de Gurs, son père Moses Spindel, commerçant de profession, né en Pologne en 1901, fut transféré à Drancy puis déporté vers Auschwitz par le convoi n° 28 du 4 septembre 1942.

Quant à sa mère, Sophie Sissel Feuchtbaum, native d’Ukraine, elle fut internée dans les Pyrénées-Orientales mais elle ne figure pas dans le Mémorial des Juifs de France de Serge Klarsfeld. Pourtant, elle est mentionnée comme décédée sur la base de données du Centre de Yad Vashem qui a mis en ligne une « feuille de témoignage » signée d’une de ses nièces alors domiciliée en Californie. Par ailleurs, sur le monument funéraire de son père Josef à Vienne, figure une invitation à se recueillir en mémoire de « sa fille Sophie et de l’enfant Martin morts à Auschwitz ».

Il avait gravé son nom à Drancy

Alors qu’il avait fallu attendre 1996 pour que soit exhumée et explicitée l’histoire de la rafle de la Martellière dont furent aussi victimes les enfants Samuel Spitz et Gerhard Eckmann, notamment, la mémoire de Martin Spindel est de nouveau « convoquée » en 2009. A l’occasion de travaux sur un bâtiment de l’ancien camp de Drancy, dans une aile où étaient isolés les internés devant être déportés dès le lendemain, sont mis au jour 76 graffitis (noms, phrases, dessins). L’un d’eux est signé de l’enfant :

 « Martin Spindel / arrivé le 27 III 44 / déporté le 13 IV 44 ».

Graffiti laissé par Martin Spindel sur un mur du camp de Drancy en 1944. © Mémorial de la Shoah.

Cet ultime témoignage du malheureux garçon qui n’avait pas encore 14 ans n’est pas sans évoquer l’histoire de la petite Marie Sztanke qui, quelques années plus tôt, avait gravé ses nom et prénom sur une maison de Douelle… A ce moment pourtant, elle ignorait la tragédie qui allait l’emporter.

Comment ne pas penser non plus à cette phrase adressée si souvent par des parents obligés de se séparer de leurs enfants, les confiant à des sauveteurs de l’OSÉ ou à d’autres : « N’oublie jamais ton nom ! »

 

Sources : Mémorial de la Shoah Paris, Site Chemins de mémoire, Site Find a Grave, Archives départementales des Pyrénées-Orientales, Centre Yad Vashem.

A propos de la Rafle de la Martellière, voir notamment Le Monde du 2 décembre 1977 ou le site Voiron Citoyenne.