Marion Friedel Fernich

Marion Friedel Fernich

Marion Friedel Fernich, née le 7 janvier 1931 à Francfort-sur-le-Main en Allemagne et décédée le 24 août 2006 à Palm Springs (États-Unis).

Avec ses parents Moritz Fernich et Bertha (née Wilmersdörfer), Marion connaît dès 1933 les discriminations et persécutions mises en œuvre dès l’arrivée au pouvoir du parti nazi.

À l’automne 1940, la famille fait partie des 6 538 hommes, femmes et enfants expulsés de Mannheim vers la France. Ils étaient établis - ou assignés à résidence - jusqu’alors dans des villes du Pays de Bade, de Sarre et du Palatinat. Raflés dans la nuit du 22 au 23 octobre, répartis dans 9 trains, ils arrivent le 24 dans la soirée à Oloron-Sainte-Marie et sont internés au camp de Gurs (lire par ailleurs).

Alors que ses parents vont ensuite connaître les camps des Milles et de Rivesaltes puis être transférés à Drancy et déportés (1), Marion Friedel est sauvée et prise en charge par l’Œuvre de secours aux enfants en février 1941 et abritée à la maison d’Aspet. Elle est ensuite accueillie à Espère jusqu’en décembre 1943. Par la suite, elle est cachée dans des familles. Pendant que d’autres enfants sont convoyés vers la Suisse, l’adolescente est vraisemblablement toujours dans le sud de la France à la Libération. Marion Friedel rejoint alors une institution de l’OSE à Paris. C’est en tout cas Paris qui est mentionné comme lieu de domiciliation en France quand, grâce à une tante paternelle qui garantit sa prise en charge aux États-Unis, elle embarque le 26 août 1946 de Marseille et arrive à New-York le 7 septembre.

Une nouvelle vie commence. Agée de 15 ans, elle suit une formation en cosmétologie, s’installe à Houston au Texas et y ouvre un salon. Le succès est au rendez-vous. Mais c’est en Californie que Marion Friedel décide de passer sa retraite. Elle s’y investit dans de nombreuses missions bénévoles dans le domaine culturel. Cependant, un autre pan de son quotidien de retraitée est consacré au devoir de mémoire : l’ancienne enfant cachée dans le sud-ouest de la France témoigne dans les écoles et accepte de donner de son temps à des initiatives du Mémorial de la Shoah. Elle livre du reste un entretien sous le nom de Marcella Newman (2), ayant été mariée à deux reprises : à son décès, en 2006, elle laisse une fille, deux petites-filles et plusieurs arrière-petits-enfants (3).

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(1) Moritz Fernich (né le 13 octobre 1986 à Klottez en Pologne) et Bertha Fernich née Wilmersdörfer (née le 15 août 1902) ont été déportés de Drancy vers Auschwitz par le convoi n° 19 le 14 août 1942. Selon le centre Yad Vashem de Jérusalem, Bertha serait décédée en 1943. A noter qu’une malencontreuse erreur s’est glissée dans les fiches du Mémorial de Paris où le couple est orthographié « Ferlich ».

(2) Témoignage auprès de l’USC Shoah Foudation réalisé en 1996 recueilli par Iris Lasky à Palm Springs.

(3) Nécrologie publiée dans le journal The Desert Sun des 1er et 2 septembre 2006.

 

L’opération Bürckel

Du nom  du Gauleiter du Land « Lorraine-Sarre-Palatinat », plus d’un an avant que soit actée lors de la conférence de Wannsee par les dirigeants nazis, la mise en œuvre de la solution finale via des assassinats de masse dans les camps de la mort, cette opération entre bien cependant dans le cadre de l’épuration ethnique (ou aryanisation) de l’Allemagne.

C’est la dernière du genre à destination de la France, dans l’optique d’un éventuel convoiement ensuite de ces familles vers Madagascar.

Le régime de Vichy est mis devant le fait accompli, les autorités allemandes prétendant que l’opération s’inscrit dans le cadre de la convention d'armistice. La situation sanitaire à bord des trains étant déplorable, après plusieurs heures d’arrêt à Chalon-sur-Saône, sur la ligne de démarcation, le gouvernement français accepte le passage du convoi et le dirige vers Gurs.

800 hommes, femmes ou enfants seraient décédés rapidement après leur arrivée au camp en raison de conditions sanitaires détestables. Quelque 2 700 auraient réussi à fuir à l’étranger (passant par l’Espagne ou obtenant des visas régulièrement). Les autres, in fine, seront dans leur grande majorité de nouveau déportés, vers Allemagne et la Pologne, pour y être assassinés.